« André Manoukian trio : Anouch », un concert qui va nous faire voyager jusqu'en Arménie
Vendredi 7 février à 20h30 au Centre Culturel Cinéma Yves Montand
Tarifs : de 15€50 à 26€
Interview d'André Manoukian
Comment avez-vous découvert la musique arménienne ?
C’est venu un peu sur le tard, il y a une dizaine d’années. On m’avait commandé alors un morceau pour un documentaire sur l’Arménie. C’était aussi une période de ma carrière où je cherchais à me renouveler, après avoir beaucoup composé pour de grandes voix comme Liane Foly ou Malia. La voix est le plus bel instrument qui soit ! Mais à ce moment-là, je voulais remettre le piano au cœur de mon univers. Anouch, c’est le prénom de votre grand-mère, qui a connu la déportation. Elle a parcouru 1000 km à pied, pour rejoindre de force un camp en Syrie.
Comment cette histoire a inspiré l’album ?
Au départ, j’ai composé une sorte de balade, de marche. Je précise qu’un peu avant cette période, mon père, avant sa disparition, m’avait tendu pudiquement une feuille de papier en disant « Tiens, si tu veux savoir… » : c’était le calvaire de ma grand-mère Anouch qui y était révélé. J’ai alors réalisé quelle super héroïne elle avait été pour résister à toutes ces épreuves. Et ce morceau lent, que j’avais composé, est devenu la marche d’Anouch dans le désert syrien. J’ai dédié cet album à cette femme, ma grand-mère, qui m’a élevé et dont je n’avais jamais soupçonné les souffrances.
Qu’appréciez-vous dans la musique arménienne ?
J’ai découvert des petites mélodies, entre Satie et Debussy, Ravel, un peu l’école russe aussi. C’est la musique orientale la plus occidentale ou la musique occidentale la plus orientale ! On y perçoit un certain goût pour la mélancolie. Et c’est cela qu’on retrouve également dans le Blues… donc ça me parlait en tant que jazzman. J’ai adoré aussi ces mélodies simples qui se marient parfaitement avec le piano.
A quoi faut-il s’attendre sur scène avec ce trio ?
Ce sera comme un trio de jazz classique dans la rythmique, mais transposé d’une manière je dirais plus poétique, vers l’orient. Les percussions sont plus chantantes qu’une batterie, et la contrebasse ou le violoncelle viennent soutenir le piano pour qu’il s’évade davantage. C’est une vraie invitation au voyage.